Espace de Lorentz

En mathématiques, un espace de Lorentz, noté L p , q {\displaystyle L^{p,q}} est une généralisation de la notion d'espace de Lebesgue (notés L p {\displaystyle L^{p}} ).

Comme les espaces L p {\displaystyle L^{p}} , un espace de Lorentz est caractérisé par sa norme (techniquement une quasi-norme) qui encode des informations sur la masse d'une fonction, de manière analogue à la norme L p {\displaystyle L^{p}} . La norme de Lorentz offre un contrôle plus strict sur les deux composantes qui forment la masse d'une fonction (son étendue et sa norme ponctuelle) que les normes L p {\displaystyle L^{p}} . La norme de Lorentz est invariante sous des réarrangements arbitraires des valeurs d'une fonction.

Définition

Par une quasi-norme

L'espace de Lorentz sur un espace mesurable ( X , μ ) {\displaystyle (X,\mu )} est défini l'espace des fonctions mesurables à valeurs complexes f {\displaystyle f} sur X {\displaystyle X} tel que la quasinorme suivante soit finie

f L p , q ( X , μ ) = p 1 q t μ { | f | t } 1 p L q ( R + , d t t ) {\displaystyle \|f\|_{L^{p,q}(X,\mu )}=p^{\frac {1}{q}}\left\|t\mu \{|f|\geq t\}^{\frac {1}{p}}\right\|_{L^{q}\left(\mathbf {R} ^{+},{\frac {dt}{t}}\right)}}

0 < p < {\displaystyle 0<p<\infty } et 0 < q {\displaystyle 0<q\leq \infty } . Ainsi, lorsque q < {\displaystyle q<\infty }

f L p , q ( X , μ ) = p 1 q ( 0 t q μ { x : | f ( x ) | t } q p d t t ) 1 q = ( 0 ( τ μ { x : | f ( x ) | p τ } ) q p d τ τ ) 1 q . {\displaystyle \|f\|_{L^{p,q}(X,\mu )}=p^{\frac {1}{q}}\left(\int _{0}^{\infty }t^{q}\mu \left\{x:|f(x)|\geq t\right\}^{\frac {q}{p}}\,{\frac {dt}{t}}\right)^{\frac {1}{q}}=\left(\int _{0}^{\infty }{\bigl (}\tau \mu \left\{x:|f(x)|^{p}\geq \tau \right\}{\bigr )}^{\frac {q}{p}}\,{\frac {d\tau }{\tau }}\right)^{\frac {1}{q}}.}

et quand q = {\displaystyle q=\infty } ,

f L p , ( X , μ ) p = sup t > 0 ( t p μ { x : | f ( x ) | > t } ) . {\displaystyle \|f\|_{L^{p,\infty }(X,\mu )}^{p}=\sup _{t>0}\left(t^{p}\mu \left\{x:|f(x)|>t\right\}\right).}

Il est également classique de fixer L , ( X , μ ) = L ( X , μ ) {\displaystyle L^{\infty ,\infty }(X,\mu )=L^{\infty }(X,\mu )} .

Par le réarrangement décroissant

La quasinorme de Lorentz est invariante par réarrangement des valeurs de la fonction f {\displaystyle f} . En particulier, étant donné une fonction mesurable à valeurs complexes f {\displaystyle f} définie sur un espace mesurable, ( X , μ ) {\displaystyle (X,\mu )} , son réarrangement décroissant, f : [ 0 , [ [ 0 , ] {\displaystyle f^{\ast }:[0,\infty [\to [0,\infty ]} est défini par

f ( t ) = inf { α 0 : μ f ( α ) t } {\displaystyle f^{\ast }(t)=\inf\{\alpha \geq 0:\mu _{f}(\alpha )\leq t\}}

d f {\displaystyle d_{f}} est la fonction de distribution de f {\displaystyle f} , donnée par

μ f ( α ) = μ ( { x X : | f ( x ) | > α } ) {\displaystyle \mu _{f}(\alpha )=\mu (\{x\in X:|f(x)|>\alpha \})} ,
Les deux fonctions | f | {\displaystyle |f|} et f {\displaystyle f^{\ast }} sont équimesurables, c'est-à-dire que μ ( { x X : | f ( x ) | > α } ) = λ ( { t > 0 : f ( t ) > α } ) , α > 0 , {\displaystyle \mu {\bigl (}\{x\in X:|f(x)|>\alpha \}{\bigr )}=\lambda {\bigl (}\{t>0:f^{\ast }(t)>\alpha \}{\bigr )},\quad \alpha >0,}

λ {\displaystyle \lambda } est la mesure de Lebesgue sur R {\displaystyle \mathbb {R} } . Le réarrangement symétrique décroissant associé, qui est également équimesurable avec f {\displaystyle f} , est défini par R t 1 2 f ( | t | ) . {\displaystyle \mathbb {R} \ni t\mapsto {\tfrac {1}{2}}f^{\ast }(|t|).}

Compte tenu de ces définitions, pour 0 < p < {\displaystyle 0<p<\infty } et 0 < q {\displaystyle 0<q\leq \infty } , les quasinormes de Lorentz sont données par

f L p , q = { ( 0 ( t 1 p f ( t ) ) q d t t ) 1 q q ( 0 , ) , sup t > 0 t 1 p f ( t ) q = . {\displaystyle \|f\|_{L^{p,q}}={\begin{cases}\left(\displaystyle \int _{0}^{\infty }\left(t^{\frac {1}{p}}f^{\ast }(t)\right)^{q}\,{\frac {dt}{t}}\right)^{\frac {1}{q}}&q\in (0,\infty ),\\\sup \limits _{t>0}\,t^{\frac {1}{p}}f^{\ast }(t)&q=\infty .\end{cases}}}

Structure

Espace de Banach

Quasi-norme de Lorentz

Norme de Lorentz

Espace d'interpolation

Les espaces de Lorentz généralisent la notion d'espace L p {\displaystyle L^{p}} au sens où, pour tout p {\displaystyle p} , L p , p = L p {\displaystyle L^{p,p}=L^{p}} . De plus, l'espace L p , {\displaystyle L^{p,\infty }} coïncide avec l'espace L p {\displaystyle L^{p}} faible (espace de Marcinkiewicz). Ce sont des espaces quasi-Banach (c'est-à-dire des espaces quasi-normés qui sont aussi complets) et sont normables pour 1 < p < {\displaystyle 1<p<\infty } et 1 q {\displaystyle 1\leq q\leq \infty } . Lorsque p = 1 {\displaystyle p=1} , L 1 , 1 = L 1 {\displaystyle L^{1,1}=L^{1}} est muni d'une norme, mais il n'est pas possible de définir une norme équivalente à la quasi-norme de L 1 , {\displaystyle L^{1,\infty }} . En effet, si l'on définit les fonctions f {\displaystyle f} et g {\displaystyle g}

f ( x ) = 1 x χ ( 0 , 1 ) ( x ) et g ( x ) = 1 1 x χ ( 0 , 1 ) ( x ) , {\displaystyle f(x)={\tfrac {1}{x}}\chi _{(0,1)}(x)\quad {\text{et}}\quad g(x)={\tfrac {1}{1-x}}\chi _{(0,1)}(x),}

dont la quasi-norme L 1 , {\displaystyle L^{1,\infty }} vaut 1, alors que la quasi-norme de leur somme f + g {\displaystyle f+g} vaut 4.

L'espace L p , q {\displaystyle L^{p,q}} est inclus dans L p , r {\displaystyle L^{p,r}} dès que q < r {\displaystyle q<r} . Les espaces de Lorentz sont des espaces d'interpolation entre L 1 {\displaystyle L^{1}} et L {\displaystyle L^{\infty }} .

Espace dual

Si ( X , μ ) {\displaystyle (X,\mu )} est un espace de mesure σ-fini non atomique, alors

  1. ( L p , q ) = { 0 } {\displaystyle (L^{p,q})^{*}=\{0\}} pour 0 < p < 1 {\displaystyle 0<p<1} , ou 1 = p < q < {\displaystyle 1=p<q<\infty }  ;
  2. ( L p , q ) = L p , q {\displaystyle (L^{p,q})^{*}=L^{p',q'}} pour 1 < p < , 0 < q {\displaystyle 1<p<\infty ,0<q\leq \infty } , ou 0 < q p = 1 {\displaystyle 0<q\leq p=1}  ;
  3. ( L p , ) { 0 } {\displaystyle (L^{p,\infty })^{*}\neq \{0\}} pour 1 p {\displaystyle 1\leq p\leq \infty } .

p {\displaystyle p'} et q {\displaystyle q'} sont les exposants conjugués de p {\displaystyle p} et q {\displaystyle q} . On a par exemple p = p / ( p 1 ) {\displaystyle p'=p/(p-1)} pour 1 < p < {\displaystyle 1<p<\infty } , p = {\displaystyle p'=\infty } pour 0 < p 1 {\displaystyle 0<p\leq 1} , et = 1 {\displaystyle \infty '=1} .

Propriétés

Inégalité de Hölder

f g L p , q A p 1 , p 2 , q 1 , q 2 f L p 1 , q 1 g L p 2 , q 2 {\displaystyle \|fg\|_{L^{p,q}}\leq A_{p_{1},p_{2},q_{1},q_{2}}\|f\|_{L^{p_{1},q_{1}}}\|g\|_{L^{p_{2},q_{2}}}} 0 < p , p 1 , p 2 < {\displaystyle 0<p,p_{1},p_{2}<\infty } , 0 < q , q 1 , q 2 {\displaystyle 0<q,q_{1},q_{2}\leq \infty } , 1 / p = 1 / p 1 + 1 / p 2 {\displaystyle 1/p=1/p_{1}+1/p_{2}} , et 1 / q = 1 / q 1 + 1 / q 2 {\displaystyle 1/q=1/q_{1}+1/q_{2}} .

Inégalité de Hardy-Littlewood

Caractérisation dyadique

Les éléments suivants sont équivalents pour 0 < p , 1 q {\displaystyle 0<p\leq \infty ,1\leq q\leq \infty } .

  1. f L p , q A p , q C {\displaystyle \|f\|_{L^{p,q}}\leq A_{p,q}C} .
  2. f = n Z f n {\displaystyle f=\textstyle \sum _{n\in \mathbb {Z} }f_{n}} f n {\displaystyle f_{n}} a un support disjoint avec la mesure 2 n {\displaystyle \leq 2^{n}} , 0 H n + 1 | f n | H n {\displaystyle 0\leq H_{n+1}\leq |f_{n}|\leq H_{n}} presque partout dans le support de f n {\displaystyle f_{n}} , et H n 2 n / p q ( Z ) A p , q C {\displaystyle \|H_{n}2^{n/p}\|_{\ell ^{q}(\mathbb {Z} )}\leq A_{p,q}C} .
  3. | f | n Z H n χ E n {\displaystyle |f|\leq \textstyle \sum _{n\in \mathbb {Z} }H_{n}\chi _{E_{n}}} presque partout où μ ( E n ) A p , q 2 n {\displaystyle \mu (E_{n})\leq A_{p,q}'2^{n}} et H n 2 n / p q ( Z ) A p , q C {\displaystyle \|H_{n}2^{n/p}\|_{\ell ^{q}(\mathbb {Z} )}\leq A_{p,q}C} .

Articles connexes

Références

Remarques

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