Élections législatives azerbaïdjanaises de 2024

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Élections législatives azerbaïdjanaises de 2024
Les 125 membres de l'Assemblée nationale
Parti du nouvel Azerbaïdjan – Ilham Aliyev
Sièges obtenus 68 en diminution 2
Premier ministre
Sortant
Ali Asadov
YAP
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Les élections législatives azerbaïdjanaises de 2024 ont lieu de manière anticipée le afin de renouveler les 125 membres de Assemblée nationale de l'Azerbaïdjan.

Le scrutin intervient dans le contexte d'un régime autoritaire mené par le président Ilham Aliyev et son Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP). Le régime bénéficie d'une popularité renforcée par la victoire du pays sur l'Arménie lors de la guerre de 2023 au Haut-Karabagh.

Le YAP remporte sans surprise les élections en l'absence de réelle compétition libre et démocratique.

Contexte

Régime autoritaire

Ilham Aliyev.

Les élections ont lieu sous la présidence d'Ilham Aliyev, au pouvoir depuis 2003, année à laquelle il prend la succession de son père Heydar Aliyev. Le Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP) qu'ils dirigent successivement est au pouvoir depuis 1993, peu après l'indépendance. Élu cette même année puis réélu en 2008, 2013 et 2018, Aliyev est à la tête d'un régime autoritaire[1],[2],[3], parfois qualifié de dictatorial[4],[5],[6]. L'opposition dénonce de longue date l'emprisonnement des personnes critiques envers le pouvoir, y compris des journalistes, des membres de la société civile et des avocats des droits de l'homme[7]. Ilham Aliyev est réélu pour un quatrième mandat en avril 2018 avec 86,02 % des voix au cours d'un scrutin boycotté par l'opposition, et qualifié par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de non démocratique, celui ci ayant été entaché de très sérieuses irrégularités, y compris des cas de bourrages d'urnes[8].

Plusieurs mois plus tard, en décembre 2019, le parti au pouvoir décide de convoquer des élections anticipées, arquant que la composition actuelle de l'Assemblée n'est pas en accord avec la politique mise en œuvre par le chef de l’État[9]. Les élections législatives de 2020 voient le Parti du nouvel Azerbaïdjan au pouvoir conserver sans surprise sa majorité absolue des sièges, ceux restants revenant à des élus indépendants et à une poignée de petits partis.

Victoire sur l'Arménie

Bénéficiant du soutien du voisin turc, Ilham Aliyev déclenche en 2020 une guerre de 44 jours contre l'Arménie qui se solde par une large victoire de l'Azerbaïdjan, qui récupère ainsi partiellement le Haut-Karabagh, objet d'un sentiment de revanche depuis sa perte lors de la précédente guerre achevée en 1994. Un second conflit en 2023 voit l'Azerbaidjan recouvrer l'intégralité du territoire. Fort de sa victoire qui lui vaut un taux de popularité de 75 %, Aliyev annonce en décembre la tenue anticipée de l'élection présidentielle, initialement prévue pour avril 2025[10].

L'embellie intérieure dont bénéficie le président azeri se conjugue à une situation favorable à l'international. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 amène en effet l'Union européenne (UE) à imposer de lourdes sanctions commerciales envers la Russie, qui en était jusqu'alors le principal fournisseur de gaz naturel. La fin des importations de gaz russe s'opère au bénéfice de l'Azerbaidjan, qui conclu plusieurs importants contrats pour vendre son propre gaz issu de l'exploitation du bassin de la mer Caspienne. Cette situation nouvelle de dépendance de l'Europe envers un pays ouvertement qualifié de dictature est critiquée, car elle aurait amenée l'UE à se montrer conciliante envers le traitement de la population arménienne au Haut-Karabakh, comparée à un nettoyage ethnique, ainsi qu'envers la situation démocratique du pays. Aliyev chercherait ainsi à obtenir un nouveau mandat de sept ans dans un contexte favorable à l'international, avant qu'une éventuelle fin de la guerre en Ukraine ne le modifie[11],[12],[13],[14].

Avec pour seuls adversaires des personnalités l'ayant soutenu par le passé afin de donner l'illusion du multipartisme, Ilham Aliyev est réélu avec 92 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle de janvier 2024. Certain d'entre eux étaient même allé jusqu'à faire ses éloges au cours de la campagne, en soulignant qu'il a « tenu toutes ses promesses »[15],[16],[17]. Il vote lui même dans un bureau de vote de Khankendi, connu comme capitale du Haut-Karabagh sous le nom arménien de Stepanakert, afin de mettre en avant la « nouvelle ère » ouverte par la reconquête du territoire séparatiste après trois décennies de conflit armé[18],[19]. L'annonce de sa victoire est aussitôt suivie de manifestations de soutiens dans les principales villes du pays dont Gandja et la capitale Bakou[20].

Courant juin, le Parti du nouvel Azerbaïdjan appelle à une tenue anticipée des législatives initialement prévu en novembre en raison des nombreux évènements prévus dans le pays vers cette date, dont notamment la conférence des Nations unies sur le climat (COP 29). Ilham Aliyev dissout l'Assemblée nationale le et fixe les élections législatives au . La Cour constitutionnelle approuve sa décision le . L'opposition critique cette décision en la qualifiant d'outil visant à falsifier les résultats des élections[21].

Système électoral

Article détaillé : Élections en Azerbaïdjan.

L'Assemblée nationale est un parlement unicaméral composé de 125 sièges pourvus tous les cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions[22].

Pour être éligibles, les candidats doivent posséder la citoyenneté azérie et aucune autre, résider de manière permanente en Azerbaïdjan, disposer du droit de vote, être âgé d'au moins vingt-cinq ans et ne pas avoir de casier judiciaire[23].

Forces en présence

Principaux partis
Parti Idéologie Chef de file Résultats en 2020
Parti du nouvel Azerbaïdjan
Yeni Azərbaycan Partiyası, (YAP)
Attrape-tout
Étatisme, sécularisme, nationalisme
Ilham Aliyev 41,84 % des voix
70 députés

Résultats

Résultats nationaux[24]
Parti Votes % +/– Sièges +/–
Parti du nouvel Azerbaïdjan 68 en diminution 2
Müsavat 0 en stagnation
Parti de la solidarité civique 3 en stagnation
Parti de la patrie 1 en stagnation
Parti de la justice, du droit et de la démocratie 2 en augmentation 1
Grand parti de l'ordre 1 en stagnation
Parti pour les réformes démocratiques 1 en stagnation
Parti de l'unité 0 en diminution 1
Parti démocratique des lumières 1 en stagnation
Parti pour l'indépendance nationale 1 en augmentation 1
Parti du Grand Azerbaïdjan 1 en augmentation 1
Parti du Front national Nv 1 en augmentation 1
Parti de l'alternative républicaine Nv 1 en augmentation 1
Autres partis 0 en stagnation
Indépendant 44 en augmentation 4
Suffrages exprimés
Votes blancs et invalides
Total 100 125 en stagnation
Abstentions
Inscrits / participation

Analyse

Comme attendu, le scrutin est une large victoire pour le Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP) qui remporte 68 sièges sur 125 et conserve ainsi la majorité absolue. La quasi totalité des sièges restants sont obtenus par des candidats indépendants, et le reste par une poignée de petit partis[25],[26],[27].

Organisées dans un contexte de répression accrue de l'opposition, avec l’arrestation et la détention arbitraire de plusieurs journalistes et opposants dans les semaines précédant le vote, les législatives sont qualifiées par les observateurs internationaux de l'OSCE de « dénuées de réelle compétition » et de « respect des libertés fondamentales », bien qu'« organisées efficacement »[28],[29].

Notes et références

  1. « Azerbaïdjan : le président Aliev largement réélu », lefigaro.fr, 11 avril 2018.
  2. « «Caviargate»: Une enquête dénonce la corruption menée par l'Azerbaïdjan pour acheter des soutiens à l'étranger », 20minutes.fr, 5 septembre 2017.
  3. Louis-Antoine Le Moulec, « Azerbaïdjan: pourquoi l’Occident se satisfait de la réélection d’Ilham Aliyev », slate.fr, 12 octobre 2013.
  4. Olivier Perrin, « Ilham Aliev, l’indéboulonnable dictateur de l’Azerbaïdjan, a été réélu », letemps.ch, 12 avril 2018.
  5. Aude Massiot, « "L’Azerbaïdjan est une dictature, mais ça ne dérange pas l’Europe" »,
  6. « L’Azerbaïdjan qualifié de « dictature » par « Cash investigation » : un Etat ne peut pas poursuivre en diffamation, dit la justice française », lemonde.fr, 19 septembre 2018.
  7. (en) « Azerbaijan votes in parliamentary elections amid boycott », sur bbc.co.uk, (consulté le )
  8. (en) Nailia Bagirova et Margarita Antidze, « Azeri president's supporters heckle as observers declare election unfair », sur reuters.com,
  9. (en) « Azeri ruling party takes step towards dissolving parliament - local media », sur euronews.com, (consulté le )
  10. « Azerbaïdjan : après sa victoire dans le Haut-Karabakh, le président Ilham Aliev ordonne une élection présidentielle anticipée », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  11. « L’UE signe un grand contrat gazier avec l’Azerbaïdjan », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Hugo Romani, « L’Europe embarrassée par ses importations de gaz azerbaïdjanais », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  13. « Haut-Karabagh : les réalités du nettoyage ethnique », sur Laboratoire de la République, (consulté le ).
  14. John Horan, « Azerbaijan's Aliyev calls snap presidential election for February », sur Eurasianet, (consulté le )
  15. « Azerbaïdjan : le président Ilham Aliev reconduit sans surprise pour un cinquième mandat », sur Franceinfo, (consulté le ).
  16. (en) www.mrsadiq.info, « CEC: Based on preliminary data from 54.47 percent of polling stations, Ilham Aliyev gained 92.1 percent of the votes », sur News.az, (consulté le ).
  17. (az) « MSK məntəqələrin 93,3 faizinin nəticələri barədə: İlham Əliyev 92,05% səslə liderdir - YENİLƏNİB », sur Report İnformasiya Agentliyi (consulté le ).
  18. « Azerbaïdjan. Le président Ilham Aliev réélu pour un cinquième mandat », sur www.ledauphine.com (consulté le ).
  19. « Réélection d’Aliev en Azerbaïdjan : quelles conséquences pour l’Arménie ? », sur France Culture, franceculture, (consulté le ).
  20. (az) modern.az, « Bakıda İlham Əliyevə dəstək yürüşü - FOTOLAR », sur modern.az (consulté le ).
  21. (en) « Azerbaijan To Hold Snap Parliamentary Elections On September 1 », sur rferl.org, RFE/RL, (consulté le ).
  22. (en) Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: AZERBAIJAN (Milli Mejlis), Electoral system », sur ipu.org (consulté le ).
  23. (en) « Constitution of the Republic of Azerbaijan – Chapter V: Legislative Power (Constitution de la République d'Azerbaïdjan - Chapitre V : Pouvoir législatif) », sur President of Azerbaijan (Présidence de l'Azerbaïdjan).
  24. (en) « Azerbaijan's ruling party wins parliamentary elections: Initial results », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  25. (en) « Azerbaijan's ruling party wins parliamentary elections: Initial results », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  26. « En Azerbaïdjan, des élections législatives sans surprise pour le pouvoir en place », sur euronews (consulté le ).
  27. Reuters, « Azerbaïdjan: Le parti au pouvoir devrait conserver la majorité aux législatives anticipées », sur Challenges, (consulté le ).
  28. « Azerbaïdjan. Libérez Bahruz Samadov et les autres personnes ayant critiqué le gouvernement qui ont été prises pour cible pendant la campagne électorale », sur Amnesty International, amnestyfr, (consulté le ).
  29. (en) « Azerbaijan’s elections devoid of real competition amid diminishing respect for fundamental freedoms, but efficiently prepared: international observers », sur www.osce.org (consulté le ).
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